“DER TIGER VON ESCHNAPUR / DAS INDISCHE GRABMAL” (1959)
(LE TIGRE DU BENGALE / LE TOMBEAU HINDOU)
(LE TIGRE DU BENGALE / LE TOMBEAU HINDOU)
Extraits du livre de LOTTE H. EISNER: “FRITZ LANG”. Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma.
Cinémathèque française. Paris. 2005
Au cours d’un voyage
en Inde, Fritz Lang (qui était devenu citoyen américain en 1935) avait pris des
notes et fait quelques recherches pour un film sur le Taj Mahal, tombeau d’un
amour éternel. Le projet
n’aboutit pas et il retourna aux États-Unis. Les sujets qu’on lui
proposait là-bas ne l’intéressaient pas. Un film sur les écoutes téléphoniques
du FBI ou des polices locales (une sorte de préfiguration de l’affaire de
Watergate) rencontra de nombreuses difficultés.
Aussi accepta-t-il
sans hésiter une offre du producteur allemand Arthur Brauner: tourner, en toute
liberté, une nouvelle version de Der Tiger von Eschnapur et sa suite, Das
Indische Grabmal. Il s’agissait, on s’en souvient, de sujets que le jeune Lang
avait écrits avec Thea von Harbou. Le producteur Joe May, flairant un gros
succès, lui en avait retiré la réalisation, sous prétexte qu’il était trop
jeune. Cette déconvenue
l’avait alors amèrement déçu. À présent que ces films étaient à nouveau offerts
au cinéaste mûri, Lang éprouvait quelque chose de mystique à la perspective de
l’accomplissement d’une ancienne ambition. Il avait l’impression que le
cercle était bouclé.
Il était séduit par
l’aventure, le romantisme, l’exotisme de l’atmosphère, et surtout par la
“recherche du temps perdu”, d’une ère disparu avec l’Inde moderne.
En même temps, il
comprenait qu’il lui fallait tourner des films s’adressant à un large public,
recréer une splendeur de contes de fées pour une Allemagne qui n’était pas
encore redevenue riche. On
doit donc envisager ces deux films du point de vue du genre “aventures
populaires” pour leur rendre justice.
Ils remportèrent, en effet, un succès
populaire immédiat, mais la critique allemande dans son ensemble fut négative. Ella
l’avait déjà été, à un moindre degré, pour les meilleurs films américains de
Lang, qualifiés avec condescendence de “simples policiers”. Il y avait chez les
critiques de l’époque un ressentiment à peine conscient à l’endroit des émigrés
antinazis; on en vit un autre exemple lors de la tournée allemande de Marlene
Dietrich, en mai 1960.
En France, au
contraire, les deux films indiens furent, dès leur sortie, placés très haut,
parfois même plus haut que M et que les premiers films américains. Godard, Chabrol et d’autres purent
parler d’ “aboutissement de toute l’oeuvre de Lang” et d’ “oeuvres d’ue perfection extrême”.
LOTTE H.
EISNER: “FRITZ LANG”. Petite
bibliothèque des Cahiers du cinéma. Cinémathèque française. Paris. 2005
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