“JEAN VIGO: OEUVRE DE CINÉMA”. FRANÇOIS TRUFFAUT
LA
CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE. LHERMINIER. CAHOR. 1985
Quel aura été le
secret de Jean Vigo? Il est probable qu’il vivait plus intensément que la
moyenne des gens. Le travail de cinéma est ingrat par son morcellement. On enregistre cinq à seize secondes
de film, puis on s’arrête pendant une heure. On ne trouve guère sur un plateau
de cinéma les opportunités de s’echauffer que connaissaient devant leur table
de travail certains écrivains dont Henry Miller est un bon exemple. À la
vingtième page, une espèce de fièvre les prend, les emporte et ça devient
formidable, sublime peut-être.
Il semble que Jean Vigo travaillait continûment comme ça, et sans jamais perdre de sa lucidité. On sait qu’il était déjà malade en tournant ses deux films (...) Alors l’idée s’impose naturellement d’une sorte d’état de fièvre dans lequel il se trouvait en tournant (...)
À l’un de ses amis qui lui consellait de se ménager, de s’économiser, Vigo, répondit qu’il sentait que le temps lui manquait et qu’il devait tout donner tout de suite.
(...) Derrière la
caméra, il devait se trouver dans l’état de l’esprit dont parle Ingmar Bergman:
“Il faut tourner chaque film comme si c’était le dernier”
FRANÇOIS TRUFFAUT: “JEAN VIGO: OEUVRE DE CINÉMA” . LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE. LHERMINIER. CAHOR. 1985
No hay comentarios:
Publicar un comentario